Alaine Chartrand sur la voie du succès
Il semble qu’Alaine Chartrand passe son temps à parcourir les routes de l’Ontario. De toute évidence, elle a une destination en tête. Elle s’en va quelque part.
La patineuse âgée de 17 ans, de Maitland, Ont., se rend d’une patinoire à l’autre dans la province, perfectionnant ses habiletés, quelques jours ici et quelques heures là. Parfois, son père, John, est son chauffeur. Pour les voyages plus longs, elle fait le trajet dans le véhicule récréatif de ses grands-parents, remorquant une voiture juste au cas où. C’est comme un cirque ambulant. « Tout à fait unique », soutient l’entraîneure Michelle Leigh.
Alaine passe deux jours environ par semaine à Prescott, en Ontario, à son club d’appartenance, patinant jour et nuit. Deux autres jours, elle ne patine que durant la journée, à Prescott, puis monte à bord du véhicule familial pour aller patiner à Nepean, Ont., pour des séances en soirée. C’est à une heure de route.
Son entraîneure à Prescott est Mary-Jayne Rashotte. À Nepean, elle s’entraîne avec l’entraîneur russe Leonid Birinberg, un ancien patineur de niveau national diplômé en éducation physique et sports de la Sports Academy of Moscow, qui se spécialise dans l’entraînement du patinage artistique. Parmi tout cela, Alaine réussit à aller à l’école à Brockville, Ont.
Puis, le samedi et le dimanche et parfois le vendredi, elle prend vraiment la route, surtout dans la région de Toronto. Alaine s’entraîne aussi avec Michelle Leigh, dont les patineurs ont concouru à trois Jeux olympiques. Elle s’entraîne aussi au Club de patinage Mariposa, à Barrie, Ont., ainsi qu’à une patinoire à Oakville, Ont. Michelle Leigh la voit ces deux jours dans des clubs différents.
Alaine voyage un peu partout parce que sa famille est très unie, signale-t-elle, et ses parents ne veulent pas quitter leur foyer près de Prescott. « La famille est toujours très importante pour eux », fait remarquer Michelle. Nepean a joué un rôle de premier plan dans sa vie depuis les quatre dernières années. « Je pense qu’ils ont vraiment trouvé quelque chose qui lui convient tout particulièrement. Elle patine dans beaucoup de patinoires différentes, donc je crois qu’elle s’adapte bien à différentes installations, ce qui lui donne un avantage à mon avis. »
Lorsqu’elle se rend à Toronto – dans le véhicule récréatif – elle peut se reposer dans le véhicule et avoir une vie aussi normale que possible lorsqu’elle se déplace. C’est une maison mobile, de sorte qu’elle ne mange pas dans les restaurants ou les hôtels et ne couche pas dans des chambres d’hôtel. C’est quelque chose qui convient à cette famille. Durant l’hiver, ils laissent la génératrice en marche afin que les tuyaux ne gèlent pas. C’est quelque chose de nouveau, récemment, que d’utiliser le véhicule récréatif. Auparavant, Alaine était reconnue pour ses voyages dans la camionnette à six places de son père, qui a accumulé plus de 500 000 kilomètres, il y a longtemps.
Son frère cadet voyage avec la famille dans le véhicule récréatif. Il patine dans un petit club de patinage de vitesse de Brockville.
Cette semaine, Alaine prendra l’avion (pour faire changement) afin de concourir au Défi Patinage Canada, à Regina. Il s’agit de l’événement de qualification des championnats canadiens, qui se dérouleront tout près de chez elle, à Ottawa. Au moins, elle n’aura pas à se rendre aussi loin pour défendre sa médaille de bronze nationale de la saison dernière. Et, naturellement, elle s’efforcera de se qualifier pour les Jeux olympiques. Le Canada compte deux places pour les femmes.
Elle a toujours été capable d’exécuter de puissants sauts et son héros est le roi du quadruple saut, Kevin Reynolds. La patineuse haute de cinq pieds est devenue la première Canadienne à réussir une combinaison triple Lutz – triple saut de boucle piquée en compétition durant le programme court aux Championnats canadiens de l’an dernier, bien qu’elle ait hésité à la réception. Elle compte aussi une puissante combinaison triple Lutz-boucle-triple Salchow dans son arsenal et les deux combinaisons sont devenues plus cohérentes cette année. Elle a été reconnue pour ses sauts, mais cette année elle vise aussi l’élégance.
À cette fin, Alaine s’est adressée au chorégraphe de Toronto, David Wilson, pour concevoir son programme long, espérant que son expérience à tracer la voie du succès de la championne olympique, Kim Yu-Na, déteindrait un peu sur elle. Elle a semblé transformée lorsqu’elle a patiné au Thornhill Summer Skate, sur une musique de Doctor Jivago, portant une robe bleu métallique pourvue de glaçons sur le corsage. Et, n’oublions pas les gants jusqu’aux coudes.
« C’est un beau morceau de musique », a déclaré Alaine, qui est née plus de 30 ans après la sortie du film à grand spectacle. Elle a regardé le film – qui est très long, a-t-elle dit – avant la création de la chorégraphie. « Il y a plus d’émotions », affirme-t-elle. « Je dois avoir différentes expressions faciales, au lieu d’un seul sourire pendant tout le programme. Je suis heureuse du jeu de pieds, qui est très valsé. C’est la partie de célébration du film. Puis, il y a la tragédie de la guerre. C’est vraiment toute une histoire. »
La robe qu’elle porte a été confectionnée par sa grand-mère, Patricia Young, qui a aussi fabriqué tous ses costumes.
Son programme court, sur la musique Torn de Nathan Lanier, a été chorégraphié par Jeff Buttle, qui a conçu son programme long l’an dernier. Ce nouveau programme met plus l’accent sur le drame.
Sa saison a commencé plus lentement qu’elle ne l’aurait souhaité, du moins dans les événements du Grand Prix junior, bien qu’elle ait obtenu un classement en troisième place dans le programme long et une quatrième place au classement général à Riga, en Lettonie, ainsi qu’un septième rang au classement général à Minsk, au Bélarus. Mais Michelle Leigh signale qu’elle s’entraîne depuis pour les événements à venir.
Au début, Michelle voyait Alaine de temps à autre à des séminaires, avant qu’elle soit capable d’exécuter un double Axel. Patineuse depuis l’âge de quatre ans, Alaine était très petite et timide, mais travaillait très fort, a ajouté Michelle. « Elle fait preuve de curiosité en ce qui concerne la technique et elle aime vraiment comprendre la science du saut », soutient l’entraîneure.
Mais, à présent, les éléments du programme s’accroissent aussi. Et, qu’en est-il de travailler avec David Wilson? « Il est assez farfelu parfois », dit Alaine. « Il prend les choses à la légère, sans trop de sérieux. Il rit, puis dit : « Ça va venir ». J’aime bien travailler avec lui. »
Il a apaisé la fougue d’Alaine et lui a fait acquérir une plus grande maturité, signale Michelle. Le chemin à parcourir sera certainement intéressant.
Beverley Smith
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