Toujours entraîneur après 60 ans!
Bien que ce fût tout d’abord une façon pour un enfant maladif de faire de l’exercice, le patinage est finalement devenu une histoire d’amour qui a duré toute une vie.
Au milieu des années 40, Paul Tatton était âgé de 10 ans quand il a commencé à patiner au Club de patinage artistique de North Bay. « J’avais été alité à cause d’une pleurésie pendant plus d’un an, donc naturellement je ne pouvais participer à des sports d’action. J’ai réussi d’une façon quelconque mon test préliminaire de figures au cours de ma deuxième saison… et c’est là que mon amour du patinage est né. »
Ses efforts dans son premier spectacle sur glace n’ont jamais indiqué le genre de carrière qui s’annonçait. « Alors que Sonya Henie était la vedette du spectacle, j’étais une grenouille comme deux autres jeunes garçons. Nous patinions sur de la glace naturelle, sur un pouce de glace fondante, et avions tellement bougé que lorsque nous avons enlevé nos costumes, nous étions complètement verts. La teinture est restée pendant une semaine! »
Dès le début, ce fut un engagement familial : ses parents faisaient bénévolement chaque tâche au club, sa mère finissant par devenir une juge de tests or. « Après ma deuxième année », a dit Paul, « mon père m’a conduit jusqu’à Toronto pour une leçon d’une demi-heure avec l’entraîneur Gerry Blair. À la fin de la leçon, il m’a dit que je pouvais être aussi bon que je le voulais, il pouvait me montrer quoi faire, mais le reste dépendait de moi. »
Quand Paul est retourné à North Bay, il a informé ses parents qu’il devait vivre ailleurs pour obtenir du temps de patinage. Ses parents ont accepté et le lendemain, ils l’ont conduit à Copper Cliff, à l’ouest de Sudbury, lui ont obtenu une chambre, ont pris des dispositions pour ses repas dans un pensionnat et l’ont inscrit au Club de patinage de Copper Cliff. « J’avais 13 ans », raconte Paul, « et je me levais à 4 h tous les matins, je marchais pour prendre le petit déjeuner, puis je me rendais à la patinoire où je patinais de 5 h à 8 h 30, puis j’allais à l’école. Je m’entraînais là avec M. Blair les fins de semaine et je m’entraînais seul durant la semaine. »
Paul admet que Gerry Blair l’a pris sous son aile et s’est assuré qu’il aille ce qui avait besoin pour s’améliorer. « J’avais des problèmes avec les chaussures de patins qui se brisaient, alors M. Blair m’a emmené voir un de ses amis, John Knebli. John fabriquait des chaussures pour les personnes handicapées. Lorsqu’il a vu mes patins, il a immédiatement dit : « Je peux faire mieux que ça! ». Il m’a ramené à sa boutique, a mesuré mes pieds plats… et deux semaines plus tard, j’avais les toutes premières chaussures de patins que M. Knebli ait jamais faites. Le reste est passé à l’histoire. »
Sous la direction de Gerry Blair et, plus tard, de Sheldon Galbraith, Paul a obtenu la troisième place aux Championnats canadiens seniors en 1954, terminant son programme libre malgré une crise d’asthme à mi-chemin de sa performance. Retournant à la maison pour patiner à l’ouverture officielle du North Bay Memorial Gardens, il savait que sa carrière de compétition se trouvait à un tournant décisif. Les temps étaient durs et compte tenu des règles strictes concernant le statut d’amateur, Paul sentait qu’il était presque obligé de devenir professionnel.
« Le directeur de la patinoire Morris Snyder m’a demandé de diriger une école de printemps pour lui. Il pensait que je pourrais obtenir une bonne participation et, bien sûr, j’aime le défi, alors je voulais voir si je pouvais le faire. Ce fut un succès avec tous les tests de niveaux élevés réussis. »
Paul a commencé l’œuvre de sa vie. « La transition à l’entraînement a été facile… Je suis un excellent planificateur… et pas seulement pour le patinage. » Que ce soit d’apprendre à voler un avion et d’obtenir sa certification après un mois, d’être repéré par les Blackhawks de Chicago de la LNH ou d’obtenir une bourse d’études pour développer sa haute voix de ténor lyrique en Italie, peu importe ce que visait Paul, il le faisait avec détermination.
Heureusement, le dévouement de Paul envers l’entraînement de patineurs l’a emporté.
Il a travaillé aux États-Unis, plus particulièrement à Hershey, en Pennsylvanie, à l’Université de Miami, à Oxford, dans l’Ohio, en tant que directeur du patinage et est rentré au Canada en 1976, après quoi il a ouvert sa propre école à Sundridge, en Ontario. « Aujourd’hui, je travaille pour le Club de patinage de Riverside, le Club de patinage de Windsor et le Club de patinage de La Salle dans l’Ouest de l’Ontario. »
Partout où il a été, Paul a découvert que c’était la science du patinage qui lui présentait des défis, en particulier durant les figures d’école. « J’aimais voir ce qui se passait lorsque je me tournais la tête d’un côté, mais pas de l’autre. J’aime toujours faire de la recherche sur le patinage, puis voir les effets… c’est fascinant… Je ne m’ennuie jamais. »
Il est triste que les figures soient disparues. « Les figures vous apprenaient à vous concentrer. L’apprentissage de virages de qualité, de la maîtrise du corps et du traçage d’une courbe parfaite était une véritable forme d’art. C’était là que se trouvait le grand écart; aujourd’hui, c’est souvent juste des acrobaties. »
Une des anciennes élèves de Paul, Jen Jackson, maintenant une collègue entraîneure, se souvient de ses débuts sous la tutelle de Paul. « Je connaissais Paul depuis 1987 lorsque j’ai déménagé à Windsor et je cherchais un entraîneur qui m’aiderait à finir mes tests or. Je l’ai choisi parce que quand je suis entrée dans la patinoire pour jeter un coup d’œil, bien qu’il n’enseigne pas à la meilleure patineuse sur la glace, il lui a donné une leçon avec grand enthousiasme. Je pouvais voir sa passion pour le sport… et il ne regardait jamais l’horloge. »
Paul admet que sa priorité a toujours été d’inculquer la confiance chez les patineurs qu’il entraîne. « J’aime penser qu’avec chaque leçon, j’ai accompli quelque chose qui les aidera. Vous apprenez beaucoup à propos de vous-même dans le patinage. Vous apprenez à affronter des défis qui vous seront bénéfiques pour la vie. Mes entraîneurs m’ont bien sûr donné confiance et j’en suis reconnaissant. Maintenant, il m’incombe de transmettre cette confiance. »
À bien des égards, Jen a suivi le modèle d’enseignement de Paul. « Quand je suis devenue entraîneure, Paul a été tellement généreux et m’a laissé travailler avec tous ses patineurs. Maintenant qu’il est plus âgé, il ralentit, laissant les autres jouer un plus grand rôle de leadership, afin qu’il puisse travailler à des aspects particuliers avec les patineurs. Il aime enseigner les virages et est devenu le spécialiste des pirouettes. Les enfants l’adorent. Il a toujours un mot gentil ou un récit sur le bon vieux temps et comment chaque patineur lui rappelle quelqu’un de merveilleux qu’il entraînait. »
Prendre de l’âge s’est accompagné d’autres défis pour Paul. Il y a deux ans, il a été opéré de l’épaule et s’est aussi cassé le dos, des blessures qui l’ont empêché d’aller sur la glace pendant des mois.
Comme le dit Jen, bien qu’il ne puisse aller à la patinoire, ceci n’a pas réduit son enthousiasme. « Quand j’allais lui rendre visite, tout ce dont il pouvait parler, c’était comment les enfants allaient. Il ne s’est jamais plaint de sa situation et plutôt me disait qu’il ne pouvait attendre de revenir et espérait qu’on aurait toujours besoin de lui. »
Paul admet que ce sont les moments où il a aidé des enfants à faire quelque chose qu’ils ne pensaient pas pouvoir faire qui le rendent le plus fier. »
Enseignant près de la bande, bien qu’il ne chausse plus ses patins maintenant, Paul est toujours aussi enthousiaste et impliqué que jamais, assistant cette semaine à l’assemblée générale annuelle de la section de l’Ouest de l’Ontario de Patinage Canada et célébrant sa 60e année à titre d’entraîneur.
Félicitations Paul!
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !