Guider avec fierté : s’ouvrir à l’authenticité et l’identité en patinage artistique
Le mois de juin marque le début de la saison de la Fierté, une période axée sur la célébration des voix, de la visibilité et des contributions des communautés 2ELGBTQI+. Nous nous sommes entretenus avec André-Marc Allain, Pier-Luc Paquet et Paul Parkinson, des officiels et entraîneurs qui ont eu un impact durable sur la communauté du patinage. Ils contemplent l’importance de la représentation en patinage artistique et la valeur d’accepter son soi authentique, tant sur la glace qu’en dehors.
Où a commencé votre engagement dans le patinage?
André-Marc Allain : Je suis impliqué dans le patinage artistique depuis près de 50 ans. Comme beaucoup de jeunes garçons canadiens, mes parents m’ont initié au hockey à l’âge de quatre ans, ce que j’ai poursuivi pendant un an. Je crois que c’était la dynamique d’équipe dont je ne raffolais pas particulièrement, alors je suis passé à Patinage Plus. J’aimais vraiment patiner parce que j’ai pu acquérir toute une gamme d’habiletés.
Pier-Luc Paquet : J’ai commencé à patiner à l’âge de cinq ans, suivant le parcours de mes deux sœurs aînées. À l’âge de 12 ans, j’ai commencé à pratiquer la danse sur glace et j’ai déménagé à Québec pour m’entraîner. Au terme de ma carrière d’athlète, je me suis impliqué en tant qu’officiel technique.
Paul Parkinson : C’est à l’âge de 9 ou 10 ans que je me suis joint au programme Patinage Plus, un peu plus âgé que la plupart des gens, parce que mes parents voulaient que je puisse patiner sur le canal, à Ottawa. J’ai progressé très rapidement dans le programme et à peine quelques années plus tard, je prenais part aux Championnats nationaux juniors. En 2010, j’ai commencé à concourir pour l’Italie, un pays que j’ai représenté aux Jeux olympiques d’hiver de 2014.
Pourquoi avez-vous décidé de devenir entraîneur ou officiel?
A-M : Après m’être retiré du patinage, je voulais continuer à contribuer au sport. Au cours de mon enfance, j’ai vu mes parents faire du bénévolat, alors je voulais redonner et devenir moi-même bénévole. J’ai commencé à exercer les fonctions de juge lorsque j’étais un étudiant au secondaire et maintenant nous voilà, 38 ans plus tard!
P-L : Quand vous êtes un athlète, vous passez beaucoup d’heures de la semaine à patiner. Donc, quand j’ai cessé de concourir, je ne pouvais pas simplement supprimer de ma vie ma passion pour le patinage artistique. Et, en tant que patineur, j’étais entouré de tellement de bénévoles, d’entraîneurs et de gens, c’était donc naturel pour moi de vouloir redonner au sport.
Paul : Après ma retraite du patinage de compétition, j’avais besoin de m’éloigner un peu du patinage artistique. Une fois que je suis devenu entraîneur, j’ai redécouvert ma passion pour le sport. C’était une façon pour moi de continuer à m’impliquer dans le sport que j’aime.
Comment l’identité joue-t-elle un rôle dans le patinage artistique?
A-M : Le sport du patinage artistique compte tellement de stéréotypes d’athlètes. Dans les années 1970 et 1980, il n’était pas acceptable d’être gai. En tant qu’athlète, il y avait ce sentiment qu’il fallait cacher sa féminité et ses qualités artistiques pour ne pas être perçu ainsi. Des patineurs comme John Curry et Toller Cranston ont offert une perspective différente du patinage. Je me souviens quand je patinais, j’étais ébloui par de tels artistes.
P-L: Quand j’étais patineur, j’essayais encore de définir mon identité, mais maintenant c’est merveilleux de voir des patineurs s’exprimer comme ils le veulent sur la glace. C’est beau à voir et je pense que cette liberté d’expression peut aider à rejoindre d’autres patineurs et à façonner l’avenir. Je crois que nous avons de la chance, en raison de la grande ouverture d’esprit dans le patinage artistique. J’ai vu l’envers de la médaille dans d’autres aspects de ma vie, alors le patinage artistique m’a vraiment aidé à sortir du placard.
Paul : Je me suis dévoilé à l’âge de 19 ans et mes entraîneurs m’ont dit qu’après ce moment, mon patinage n’avait plus l’air restreint. Je pense que lorsque vous êtes en train de comprendre qui vous êtes, vous n’avez pas cette liberté. Donc, une fois que j’ai commencé à m’affirmer, j’étais plus libre de bouger sur la glace d’une certaine façon, parce que je n’avais pas peur d’être jugé.
Pourquoi la représentation des personnes 2ELGBTQI+ dans le sport est-elle importante?
A-M : Nous devons accepter et célébrer les différences. Les gens sont uniques parce qu’ils sont qui ils sont et nous devrions le célébrer. Dès mon plus jeune âge, mes parents m’ont inculqué d’être moi-même et de ne pas laisser les autres ternir mon éclat. Que ce soit dans ma carrière de patineur ou dans ma vie professionnelle, j’ai choisi de ne pas demeurer en marge. Pour cette raison, j’ai souvent eu l’impression d’être seul au bord d’un précipice. Je suis tellement fier d’être associé à une fédération qui comprend qu’il faut parfois être le premier à se tenir sur le bord pour pouvoir apporter des changements.
P-L : Il est important d’être soi-même et de savoir que vous n’avez pas à vous limiter. Il est aussi important de faire connaître le travail (en matière d’équité, de diversité, d’inclusion et d’accessibilité) accompli à Patinage Canada avec d’autres organisations. Les gens devraient être eux-mêmes et nous devrions continuer à faire une place pour chaque personne et à les écouter, parce que parfois nous présumons savoir, mais de poser des questions avec respect et apprendre des réponses nous aide à évoluer. C’est formidable de participer aux travaux en matière d’EDIA à Patinage Canada, dont assister à des séances où j’ai l’occasion d’entendre les points de vue d’autres membres de la communauté. J’aime beaucoup ce que fait Patinage Canada – ces initiatives aident les gens à s’épanouir et les autres à les accepter.
Paul : Lorsque vous êtes capable d’être vous-même dans un poste de haut niveau, il y a toujours un jeune qui peut le voir et constater que vous pouvez être à l’aise dans votre peau, sans affecter négativement certains aspects de votre vie. Quand j’étais patineur, ce n’était pas quelque chose dont les athlètes parlaient vraiment à un haut niveau. Maintenant, plus d’athlètes s’épanchent. Les jeunes patineurs peuvent voir que, quelle que soit la façon dont ils veulent s’exprimer, une place les attend. Lorsque les gens partagent leurs histoires, les jeunes athlètes peuvent mieux comprendre leur propre parcours et savoir qu’ils ne sont pas seuls dans ce qu’ils vivent.
Patinage Canada s’est engagé à faire du patinage artistique une activité où chaque personne est la bienvenue. Parmi les efforts déployés, mentionnons l’élimination des obstacles liés au genre dans les définitions d’équipe, notre Protocole d’inclusion des personnes trans et la promotion de dialogues continus sur la diversité et l’inclusion. Visitez notre page sur l’EDIA pour plus de renseignements.
André-Marc Allain est un juge de Patinage Canada, qualifié au niveau olympique. La Médaille du couronnement du roi Charles III lui a récemment été décernée pour ses 38 ans de bénévolat et de promotion de la communauté 2ELGBTQI+.
Pier-Luc Paquet est un ancien danseur sur glace de compétition, qui a concouru au niveau national canadien et précédemment représenté le Québec auprès du conseil d’administration de Patinage Canada. Il est actuellement un officiel technique de Patinage Canada.
Paul Parkinson est un ancien patineur de compétition qui a concouru au niveau national junior canadien et représenté l’Italie aux Jeux olympiques d’hiver 2014, à Sotchi, en Russie. Il est maintenant un entraîneur inscrit à Patinage Canada et a entraîné plusieurs athlètes qui sont parvenus au niveau national.