Supprimer les obstacles sur la glace : remettre en question les normes propres au genre en patinage artistique
Depuis ses débuts, le patinage artistique a été aux prises avec les normes liées au genre. À l’origine un sport dominé par les hommes, tout a commencé à changer en 1902, lorsque la patineuse britannique Madge Syers est devenue la première femme à participer aux Championnats du monde de patinage artistique et a remporté la médaille d’argent. Sa décision audacieuse d’y prendre part a mené à la création d’une catégorie féminine, prouvant que le changement est possible.
Historiquement, le sport a renforcé les concepts stéréotypés de la féminité et de la masculinité. Par exemple, les règlements de l’ISU ont alterné, au cours des 25 dernières années, à propos des circonstances et des disciplines où les femmes peuvent porter des pantalons ou des léotards. Ces règlements continuent également de stipuler que les hommes doivent porter un pantalon long. À divers moments de l’histoire du patinage, les athlètes et les organisations sportives ont contesté ces normes, rendant le patinage plus inclusif.
Les normes propres au genre en patinage en couple, en danse et en patinage en équipe ont également changé au fil des décennies. Au début des années 1900, les hommes exécutaient des tracés, dans le cadre des habiletés de patinage, en paires ou en petits groupes; les couples et les équipes de danse de même genre faisant partie du sport depuis plusieurs décennies. Le patinage synchronisé a toujours défini les équipes par le nombre de patineurs, sans référence au genre, et les parcours de Patinage STAR et de patinage adulte de Patinage Canada ont supprimé les définitions fondées sur le genre des couples et des équipes de danse en 2019.

L’équipe de danse sur glace pré-novice Kate Glover et Charlotte Stoyles (NL) au Trophée 2025 de Patinage Canada.
En 2022, Patinage Canada a aussi enlevé les restrictions fondées sur le genre dans le parcours du podium du patinage en couple et de la danse, devenant ainsi la première fédération à redéfinir une « équipe » comme deux patineurs. Ce changement a suscité des discussions dans le monde du patinage, défiant les normes actuelles pour faire place à la créativité et à l’expression artistique.
Au niveau national canadien, les athlètes ont déjà commencé à adopter en temps réel ces changements aux règlements sur l’inclusion, avec des équipes de même genre qui participent aux championnats pré-novices et novices. Les athlètes STAR de tout le pays profitent également de l’occasion de participer dans les catégories du patinage en couple et de la danse, sans être limités par des obstacles fondés sur le genre.
Aujourd’hui, Patinage Canada est un chef de file, dont l’approche est axée sur les patineurs en premier et selon laquelle les obstacles à la participation à toutes les disciplines du patinage sont réduits au minimum, pour permettre aux athlètes d’être eux‑mêmes sur la glace. La philosophie est simple : donner des choix aux patineurs et les laisser décider, de concert avec leurs entraîneurs, du modèle de patinage qui fonctionne le mieux.

Gabriella Papadakis et Madison Hubbell lors de l’exposition Art on Ice à Zurich. (Crédit photo : Art on Ice)
Cet élan s’est poursuivi lorsque les médaillées olympiques de danse sur glace Gabriella Papadakis (France) et Madison Hubbell (États-Unis) ont rendu publique la conversation. Les deux amies s’entraînaient côte à côte depuis des années, avec leurs partenaires respectifs, et rêvaient de patiner ensemble. « Nous disions sur la glace : oh, j’aimerais pouvoir patiner avec toi », a signalé Madison. Lorsqu’elles en ont finalement eu l’occasion, après s’être retirées de la compétition, il ne s’agissait plus seulement de patiner, mais de supprimer les obstacles.
Gabriella a admis que leur partenariat a révélé des lacunes dans son entraînement : « Il y avait tellement de choses que je n’avais jamais apprises, mais que j’aurais soudainement souhaité savoir ». Leur projet est devenu plus grand qu’elles-mêmes. « Pour moi, c’était la chance de le mettre en perspective, d’en donner une représentation visuelle, d’entamer la conversation et de m’assurer que les gens comprennent qu’ils sont les bienvenus dans cet espace, quelle que soit la façon dont ils veulent s’exprimer sur la glace », a déclaré Madison.
Leur projet a rehaussé le message de Patinage Canada sur la scène mondiale. « Chaque personne s’amuse et apprend – ce fut notre message depuis le début », a ajouté la présidente Karen Butcher.
C’est ce que signifie le patinage pour tous. Le patinage ne devrait pas être déterminé par ce que vous portez, de quoi vous avez l’air ou qui vous êtes – tout le monde mérite d’avoir un environnement sûr et accueillant, où il est possible d’apprendre à patiner et d’atteindre ses objectifs.

L’équipe de patinage synchronisé Boys on Blades (NL)
Qu’il s’agisse de former une équipe de patinage synchronisé entièrement composée d’hommes ou d’enfin avoir la chance de patiner avec l’une ou l’un de vos meilleurs amis, tous les efforts en matière d’inclusion comptent. « Nous sommes tout simplement honorés de faire partie de cette incroyable communauté. Si quelque chose que nous faisons peut faire la moindre différence, nous le ferons, tous les jours, de toutes les façons », a déclaré la chef de la direction générale de Patinage Canada, Debra Armstrong.