Charles Dion, inspiré par sa sœur, établit des records personnels à Ottawa
Charles Dion est un gagnant. Non, il n’est pas devenu membre de l’équipe olympique aux Championnats nationaux de patinage Canadian Tire, à Ottawa, cette année. Il n’a pas gagné de médaille. Mais, il a gagné d’autres façons. Les championnats nationaux étaient ses Jeux olympiques.
Charles, âgé de 22 ans, de Candiac, au Québec, ne s’est même pas qualifié pour les Championnats canadiens l’an dernier. Il n’a pas réussi au Défi Patinage Canada. Mais, il a relevé chacun de ses défis cette saison, avec grâce et tranquille audace.
Né à Taipei, à Taïwan, Charles a été adopté à l’âge de six mois par les Québécois Denis Dion et Jacynthe Côté, à présent chef de la direction de Rio Tinto Alcan. Charles était l’un d’une vingtaine d’orphelins qu’une religieuse avait emmenés au Canada afin de trouver une meilleure vie pour ces enfants taïwanais sans foyer. Les Dion ont choisi le petit Charles.
Les Dion ne se sont pas arrêtés là. Ils sont aussi allés en Chine pour adopter une fille, Laurie, maintenant âgée de 20 ans. Et ils ont adopté une deuxième fille, Gabrielle, à présent âgée de 19 ans, aussi née à Taïwan. Enfin, ils étaient une famille.
Charles a commencé à patiner à l’âge de trois ans et Laurie a suivi. Gabrielle s’est intéressée aux sports équestres. Denis les a encouragés dans toutes leurs poursuites. « C’est grâce à lui que nous sommes là où nous voulions être dans les sports, parce qu’il était là pour nous », a affirmé Charles.
Après que Charles ait raté les Championnats canadiens l’an dernier (il s’est classé en 14e place au Défi Patinage Canada), il a décidé de faire un gros changement, parce que son temps dans le sport arrivait à sa fin. Il a décidé de patiner avec Annie Barabé et d’améliorer son uniformité et ses notes de composante.
Toutefois, un important événement a interrompu ses projets. Il y a trois mois, Laurie s’est trouvée paralysée du côté gauche. À la suite de nombreux tests, les médecins ont trouvé une grosse masse sur son cerveau, une tumeur. Après l’avoir enlevée, ils se sont rendu compte que la tumeur était cancéreuse. Le diagnostic a bouleversé la famille.
Laurie s’est fait opérer juste avant que Charles doive concourir aux Championnats de section, mais au moins il sentait peu de pression d’aller plus loin. Les huit meilleurs avanceraient au Défi Patinage Canada et seulement dix ont concouru. L’élément le plus difficile a été le stress, pensant à sa sœur. Il a exécuté un bon programme court. Le long programme était plus difficile : il avait choisi la chanson With or Without You (avec ou sans toi) de U2.
C’était une coïncidence que Charles patinait sur cette musique, choisie avant que sa sœur ne tombe malade. Mais, les paroles lui restaient dans l’esprit.
See the stone set in your eyes (je vois la pierre dans tes yeux)
See the thorn twist in your side (je vois l’épine enfoncée dans ton côté)
I wait for you. (je t’attends)
Sleight of hand and twist of fate (agilité et coup du sort)
On a bed of nails she makes me wait (sur un lit de clous tu me fais attendre)
And I wait without you (et je t’attends)
With or without you (avec ou sans toi)
I can’t live (je ne peux pas vivre)
With or without you. (avec ou sans toi)
Pendant que Charles s’entraînait pour cet événement, ses parents l’informaient presque toutes les heures de l’état de Laurie. Lorsqu’elle s’est fait opérer, ses parents étaient épuisés et le jour de la chirurgie, Charles a passé la nuit avec elle. En fait, Charles a passé deux jours avec elle.
Il s’est rendu au Défi Patinage Canada, a terminé septième et enregistré un record personnel. « J’étais vraiment fier de moi », a-t-il affirmé. « Ceci m’a donné la confiance voulue pour m’encourager durant la période des Fêtes, pendant l’entraînement, tous les jours jusqu’aux championnats nationaux. »
Sa sœur se porte mieux maintenant et va bien, soutient Charles. Elle se repose de son exténuante chimiothérapie et de sa radiothérapie. La performance de Charles aux Championnats canadiens à Ottawa était pour elle.
Et, quelle performance ce fut. Il avait travaillé avec un psychologue du sport, qui lui a dit qu’une victoire n’était pas à propos des points obtenus, mais de la façon dont on se sent après le programme. Charles a exécuté un programme court sans faute. Lorsqu’il a quitté la glace, il a dit à Annie Barabé : « J’ignore combien de points j’obtiendrai, mais je suis vraiment fier et j’ai eu du plaisir sur la glace ». Durant la deuxième partie de son jeu de pieds, la foule avait commencé à applaudir, hurler et crier, peut-être que c’était un peu de bruit de sa famille dans la section du Québec de la patinoire. Il a terminé neuvième avec un record personnel. Le programme long a été différent.
Peter O’Brien avait patiné juste avant lui et parce qu’il patinait dans sa propre section avec un grand soutien de la foule, il y avait un délire d’applaudissements. Peter avait bien patiné et obtenu 130 points. Charles a décidé de profiter de l’énergie que Peter avait créée.
Ceci a fonctionné. Il a réussi une combinaison triple flip – triple saut de boucle piquée et obtenu une série de plus 2 pour l’exécution. En fait, lorsqu’il a terminé, il avait accumulé 127,00 points, pour un total de 195,74 points, qui lui a valu la 10e place au classement général.
Charles avait battu son record personnel de 15 à 20 points. Son total était de 40 points de plus que sa note au Défi Patinage Canada de l’an dernier, lorsqu’il n’a pas réussi à se qualifier pour les Championnats canadiens. « Je ne pouvais même imaginer les points que j’ai obtenus », a‑t‑il avoué. « Même maintenant, je suis encore aux anges. J’ai enregistré deux records personnels. »
Charles aimerait entrer à l’université cet automne, dans l’espoir d’étudier le commerce international et suivre les traces de sa mère. Il espère que l’université aura une école de sport. Il estime qu’il n’en a pas encore fini avec le sport. « J’aime toujours m’entraîner », affirme-t-il. « Je sais que je suis un peu âgé en comparaison de certains patineurs qui grimpent les rangs. Mais, je progresse toujours et ceci m’encourage à continuer ». Il aimerait maîtriser un triple Axel et un quadruple saut. Il travaillera à ces sauts pendant deux ou trois mois, puis prendra une décision.
Et, oui, Charles est celui qui porte des lunettes pour patiner. Elles ne sont tombées que deux fois, durant des pirouettes. « Je ne les vois plus », dit-il. « Je ne les sens plus. Je sais que lorsque je vais les chercher chez l’optométriste, elles me resteront accrochées aux oreilles. » Ses lunettes ne tombent pas, même quand il essaie des quadruples sauts.
La lutte de Laurie contre le cancer a changé les vies de tous ceux qui l’entourent. Charles affirme que la maladie a rendu sa famille plus forte. « Les choses que nous n’aurions pas faites ou dites, maintenant nous les faisons et les disons », fait-il remarquer. Il en va de même avec ses amis, qui sont aussi comme des membres de sa famille.
« Je la vois comme quelqu’un qui sait lutter », dit Charles à propos de sa sœur.
Et, lui aussi en est capable.
Beverley Smith
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