Archive d’étiquettes pour : Thornhill Summer Skate

La compétition Thornhill Summer Skate met en valeur les jeunes patineurs et fait ressortir l’esprit de concurrence des vétérans

La compétition Thornhill Summer Skate est un mélange rafraîchissant de sandales et de vestes garnies de duvet, de tous petits bambins et d’olympiens et même de patineurs d’autres pays : Japon, Kazakhstan et Allemagne. Surtout, il s’agit d’un événement où les patineurs viennent essayer leurs ailes et obtenir des rétroactions des juges et des surveillants.

C’est aussi un endroit où naissent des étoiles, peut-être compte tenu de la croissance et du développement et de la grâce des dieux du patinage. La précoce Natalie D’Allessandro, âgée de 10 ans, concourt dans l’épreuve féminine pré-novice.

L’entraîneure en chef de Thornhill, Katerina Papafotiou, qui s’occupe de l’enfant prodige depuis les deux dernières années, frissonne lorsqu’elle songe à l’avenir de la patineuse.
Lorsque Katerina a pris Natalie en charge, elle a vu « une fille charmante, qui aime patiner, possède des merveilleuses habiletés de patinage et s’attaque agressivement aux carres ».

Katerina l’a aidée à développer ses sauts et ses pirouettes. « Je l’appelle ma petite Tara Lipinski », signale Katerina. La patineuse a passé un peu de temps à travailler avec Richard Callaghan, l’entraîneur de Tara, à Detroit.

Natalie a remporté l’épreuve féminine pré-novice à Thornhill, avec un score plus élevé que celui des 125 autres patineurs participants, répartis en sept groupes. Sa note de 80,41 points paraît dérisoire comparée à un effort international à Lake Placid, en juin, pour lequel elle a terminé avec 99,86 points dans la catégorie féminine novice. N’étant pas une personne à rester sans rien faire, Natalie a aussi concouru à Skate Detroit dans la catégorie novice.

Bien qu’elle n’ait exécuté aucun triple saut à Thornhill, elle les a appris cette année, jusqu’au triple Lutz. Son triple Salchow et son triple saut de boucle piquée sont les plus uniformes cette saison.

Comment est Natalie à ce stade? « Elle est tellement agressive sur la glace, avec tous les éléments », affirme Katerina. « Les juges aiment beaucoup cet élément de son patinage. Pas seulement ses trucs, mais son patinage et sa performance. »

Chez les garçons, Stephen Gogolev, âgé de neuf ans, a tenté son premier triple Lutz en compétition (et fait une chute, mais il en a réussi un durant l’échauffement) et a remporté la compétition masculine pré-novice avec 100,72 points, 30 points devant son rival le plus proche. Il a réussi trois triples sauts et exécuté trois pirouettes de niveau quatre.
Tous les patineurs ont pu voir certains des meilleurs au pays.

Étant donné que l’épreuve masculine senior promet d’être plus ouverte qu’elle ne l’a été aux Championnats canadiens depuis bien des années, les hommes canadiens mettent tous le cap sur les championnats nationaux en janvier prochain, à Kingston, en Ontario.

Andrei Rogozine, qui s’entraîne actuellement à Colorado Springs avec Tom Zakrajsek, s’est lancé audacieusement à Thornhill et a remporté le programme court. Il a exécuté un gros quadruple saut de boucle piquée (son pied a frôlé la glace à la réception), suivi de son triple Axel habituel à partir du grand aigle, terminant le tout par une habile combinaison de triple flip – triple saut de boucle piquée. Lorsqu’il a terminé, il a pointé ses poings en l’air et quelques personnes se sont levées pour l’applaudir. Il a mérité 73,53 points, plus que son score officiel de l’ISU de 70,58 points, atteint aux Championnats des quatre continents en 2013.

Ce fut un grand triomphe pour Andrei, qui a terminé seulement septième aux Championnats canadiens et raté une place aux Jeux olympiques de Sotchi.

Cet effort lui a permis de se classer plus de six points devant Liam Firus, en deuxième place, qui a exécuté son programme Fascination de la saison dernière, et d’environ 10,5 points devant le champion du monde junior en titre, Nam Nguyen, qui a présenté deux nouveaux programmes.

Liam aurait pu marquer plus de points, mais n’en a reçu aucun pour un triple saut de boucle piquée, qui pourrait devenir un quadruple saut plus tard cette saison. Il travaille à un quadruple avec l’experte en la matière, Christy Krall. Liam a réussi une combinaison de triple Lutz – triple saut de boucle piquée, mais seulement un double Axel, le saut qui le tourmente. Liam a devancé Andrei d’environ cinq points dans les composantes de programmes, ce qui n’était pas surprenant : le patineur originaire de Vancouver a développé une puissance encore plus expressive sur la glace durant l’été. En un mot, il était superbe.

Nam a terminé en troisième place parce qu’il a raté son triple Axel et n’a obtenu aucun point pour ce saut. Il s’est repris pour le reste de sa performance, présentant son programme insolite – et génial – sur la musique vocale Sinnerman.

Tout a changé dans le programme masculin senior, lorsque Nam, 16 ans, l’a emporté avec son programme La Strada. Cette fois, il a maîtrisé le triple Axel et en a exécuté deux, l’un en combinaison avec un triple saut de boucle piquée. Et, pour la première fois, il a tenté un quadruple saut – un Salchow – bien qu’il ait exécuté une rotation insuffisante et fait une chute. Le reste du programme s’est déroulé sans faute, avec huit triples sauts, trois pirouettes de niveau quatre et une séquence de pas qui lui a valu un niveau quatre. Cette diligence en début de saison lui a assuré la victoire dans le style libre avec 146,46 points (il a obtenu sa note record de 147,31 points aux Championnats du monde, en mars dernier, au Japon) et il a été vainqueur au classement général avec 209,61 points.

En fin de compte, Nam a battu de justesse Andrei, par seulement 0,52 point.
Fait intéressant? Roman Sadovsky, âgé de 15 ans, et seulement 13e derrière Nam aux Championnats du monde juniors l’an dernier, a terminé deuxième dans le programme long, devant Andrei (troisième) et Liam (quatrième). Et sa note de composantes a été un point plus élevé que celle de l’expressif Nam. Roman a terminé troisième au classement général et a presque battu Nam dans le programme court. S’il n’avait pas fait une chute en sortant d’une pirouette arabesque, il aurait pu finir au deuxième rang. Ce petit expert des pirouettes a frappé un trou dans la glace.

La foule à Thornhill a aussi assisté à deux puissantes performances des femmes seniors Gabby Daleman et Alaine Chartrand, qui n’a participé que pour présenter son nouveau programme court. Gabby a remporté le programme court, maîtrisant la patinoire par ses énormes foulées sa vitesse – comme si la patinoire n’était pas assez grande pour elle – et a exécuté une combinaison de triple saut de boucle piquée – triple saut de boucle piquée, bien qu’elle ait l’intention d’en faire une combinaison de Lutz – saut de boucle piquée plus tard durant la saison.

Alaine, vêtue d’écarlate, a commis des erreurs dans son programme court et terminé en deuxième place, mais la foule a pu observer une patineuse ayant plus de puissance, de vitesse et de présence que jamais auparavant. À titre d’information, les deux patineuses travaillent à des triples Axels et pas seulement pour s’amuser.

Patrick Chan déchaîne la musique de Vivaldi au Thornhill Summer Skate

THORNHILL (ONT.) – Patrick Chan recommence à neuf, en quelque sorte.

Il a fait ses bagages à Colorado Springs pour déménager à Detroit pendant l’été. Son entraîneure, Kathy Johnson, et lui ont formé une petite caravane de deux voitures, toutes deux complètement pleines, sa bicyclette perchée sur un toit, avançant tant bien que mal dans les plaines du Midwest aux États-Unis. Il a fini de défaire ses valises qu’à la mi-août.

Patrick et Kathy ont transformé le voyage en vacance, interrompant ce qui serait normalement un trajet de deux jours par des arrêts à Kansas City et Chicago en cours de route. C’est un nouveau début pour Patrick, qui patinera au Club de patinage de Detroit.

Le programme olympique qu’il a présenté le 18 août, au Thornhill Summer Skate, près de Toronto, est aussi nouveau, mais en fait il ne l’est pas vraiment. Il exécute son programme sur une musique de Vivaldi, intitulée Les quatre saisons, un morceau exubérant et éclatant de musique baroque italienne dont il s’est servi pour terminer deuxième aux Championnats du monde juniors en 2006-2007. Et, il l’a utilisé de nouveau pour faire ses débuts aux Championnats du monde en Suède, où il a terminé neuvième durant la saison 2007-2008. Le programme original a été chorégraphié par Lori Nichol, celui-ci par David Wilson.

« J’ai eu beaucoup de succès avec Vivaldi », affirme Patrick. « La dernière fois que j’ai présenté le programme, je savais que j’allais le répéter aux Jeux olympiques ». La première version du programme sur la musique de Vivaldi a été le dernier cadeau qu’Osborne Colson a fait à Patrick. Osborne est décédé à l’âge de 90 ans, en 2006, et il avait toujours aussi fait fonction de chorégraphe, mais en 2006-2007, il a incité Patrick à laisser Lori Nichol chorégraphier le programme long pour la première fois.

Par conséquent, le programme de Vivaldi sera un hommage à Osborne, qui a enseigné à Patrick ses habiletés de patinage. Patrick appelle sa nouvelle version ses « plus grands succès » étant donné qu’elle intègre des tons et des leitmotivs du passé, même certains mouvements de base qu’Osborne a conçus pour lui il y a plusieurs années.

« Je n’essaie pas de faire des choses incroyables », a fait remarquer Patrick. « Je ne m’efforce pas de repousser les limites cette saison. Ce n’est pas la saison pour faire cela. C’est la saison pour retourner à ce qui me met à l’aise, ce qui rend le patinage agréable et ce qui me fait patiner de mon mieux ». Patrick a choisi la musique et il a pris part à la conception de la chorégraphie, tout particulièrement des tracés et des mouvements confortables qu’il aimait des programmes précédents. D’une certaine façon, c’est comme d’enfiler une paire de vieilles chaussures bien qu’on y retrouve toute une foule de détails, de virages et de mouvements complexes. Étant donné qu’il s’agit d’un programme difficile, Patrick doit toujours apprendre comment régler son allure durant l’exécution et trouver son propre rythme.

Patrick garde son programme court de l’an dernier, et pourquoi pas? Patinant au son d’Élégie en mi bémol mineur de Rachmaninoff, il a obtenu un score mondial record de 98,37 points aux Championnats du monde à London, en Ontario, en mars dernier. Il n’a pas exécuté son programme court à Thornhill, seulement son programme long, simplement pour que le public et les juges en aient un aperçu, de sorte qu’il puisse poursuivre sur la lancée à Sotchi. Compte tenu de la présence d’un Nobunari Oda ravivé au nombre des concurrents (il a remporté l’événement, salué par une ovation), Patrick a eu l’impression que c’était presque que comme un événement du Grand Prix.

Et quand Patrick a patiné, la foule comble a pu constater sa virtuosité avec la lame dans un programme conçu pour mettre en montre tous ses talents. Ce ne fut pas une exécution parfaite – certains de ses triples sauts ont plutôt été des doubles ou des simples – mais Patrick avait uniquement l’intention de présenter des jeux de pieds, des pirouettes et des transitions impeccables. Aucune patinoire n’est assez grande pour la puissance de Patrick; ses sauts étaient collés aux bandes de la petite patinoire de hockey. Il a réussi deux quadruples sauts, un en combinaison avec un triple saut de boucle piquée, rendu plus facile cette année en changeant son tracé pour les quadruples sauts. Oui, il exécute encore plus facilement les quadruples sauts maintenant, affirme Kathy.

Patrick a avoué avoir ses doutes lorsqu’il a présenté son programme olympique pour la première fois. Il était nerveux et se demandait si les gens l’aimeraient. Étant donné qu’il aime lui-même son programme, il savait que les autres l’aimeraient aussi. Et, il avait raison. On lui a fait une ovation.

Sa saison de l’an dernier, durant laquelle il était en proie à des difficultés – avec des tentatives maladroites et incertaines qui l’ont mis en deuxième place en style libre aux championnats du monde avec toute une gamme d’erreurs – était d’après lui une « année expérimentale ». Bien que Patrick n’ait habituellement qu’un nouveau programme chaque saison, la saison dernière il a opté pour de nouveaux chorégraphes, Jeff Buttle et David Wilson, et devait apprendre à fond deux nouveaux programmes. Le premier programme de David pour Patrick était La Bohème et Patrick admet à présent qu’il a eu beaucoup de mal.

« J’ai aimé La Bohème, a-t-il dit, mais ce n’était pas pour moi ». David et lui apprenaient seulement à se connaître. Maintenant, ils se connaissent bien.

La Bohème, Patrick a déclaré, semblait « traîner. Le montage de la musique, le jeu de pieds plus lent que d’habitude et la séquence de pas chorégraphiée à la fin n’étaient pas nécessairement assez vites et dynamiques ». Il exécute à présent sa séquence de jeu de pieds caractéristique à la toute fin du programme pour enthousiasmer la foule et les juges et peut-être lui-même.

À Detroit, il est en paix et se sent libre. Il s’entraîne aux côtés des anciens champions américains Jeremy Abbott et Alissa Czisny ainsi que son coéquipier canadien, Elladj Balde. « Nous nous entendons tous très bien », fait remarquer Patrick. « Nous nous entraidons, ce qui est évident car nous nous améliorons tous ensemble.

« Nous nous poussons les uns les autres. Et, je n’ai jamais tant ri que durant les séances avec Elladj. » Ils vont souper ensemble et jouent à des jeux vidéo. Patrick aime les voitures classiques et musclées et il est déménagé dans la bonne ville à cet égard.

Patrick n’a jamais concouru aussi tôt et il n’a jamais exécuté ses quadruples sauts aussi bien, si tôt dans la saison. « Tout commence à porter ses fruits, ajoute-t-il. « Je vois la lumière au bout du tunnel. » Il sent qu’il a la responsabilité d’être peut-être le premier Canadien à remporter une médaille d’or olympique.

Beverley Smith