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Remis de ses blessures, Conrad Orzel s’apprête à affronter une nouvelle saison de défis

Vêtu d’une veste en peau de mouton, Conrad Orzel s’est placé en position de départ, à l’épreuve novice des Championnats nationaux de patinage Canadian Tire, et s’est rapidement mis à bouger.

Le programme? Le Bon, la Brute et le Truand, un « western spaghetti » de 1966, dans lequel trois as de la gâchette sont à la recherche d’un chargement d’or disparu.

Conrad n’a pas trouvé l’or ce jour de janvier, à Kingston, Ontario (il a remporté la médaille de bronze), mais ses efforts ont été néanmoins un triomphe. Sa présence témoignait de son courage. Pour un patineur si jeune, il avait appris une importante leçon de vie, la saison dernière.

Originaire de Woodbridge, en Ontario, Conrad était aussi prêt qu’il ne pouvait l’être pour le Défi, le mois précédent, mais juste avant l’événement, il s’était déchiré un ligament dans la jambe gauche et avait subi une fracture par avulsion, pour laquelle un morceau d’os se détache de la partie principale de l’os, suite à une chute ou une contraction musculaire qui est plus forte que les forces qui maintiennent l’os en place.

Le jeune patineur n’avait aucune idée de ce qui n’allait pas à ce moment. Il savait simplement que c’était très douloureux. Son entraîneure, Eva Najarro, en a pris connaissance la veille de leur départ pour le Défi. Puis, durant une séance d’entraînement en matinée, Conrad lui a confié, au bord des larmes, qu’il ne pouvait absolument pas exécuter de pirouette sur son pied gauche.

Ce n’était tout simplement pas dans les habitudes de Conrad. Il ne faisait non plus aucun saut à ces séances d’entraînement. Et, il aime sauter, plus que tout. « C’était comme s’il n’était pas là », a signalé Eva. « Je sais qu’il aime l’entraînement, parce qu’il aime se mettre en valeur. Il veut montrer ce qu’il peut faire. Je savais qu’il y avait vraiment quelque chose qui n’allait pas. Il ne faisait que patiner. » Un massage ne l’a pas aidé. Elle lui a donné la possibilité de se retirer.

Les pirouettes n’étaient pas toujours le fort de Conrad, mais elles s’amélioraient. Mais, il a décidé d’affronter un défi supplémentaire en demandant à Eva de recréer toutes ses pirouettes pour enlever la pression de sa jambe gauche. « Il ne pouvait exécuter la spirale sur le pied gauche, donc nous avons dû la changer complètement à une entrée arrière pour la pirouette », a-t-elle dit. « Nous nous sommes réorganisés, essentiellement durant l’entraînement, au Défi. »

Autrement dit, Eva a dû changer ses pirouettes d’une entrée avant à une entrée arrière. Alexandra, la fille d’Eva, aussi une patineuse qui s’y connaît en matière de blessures, a causé avec Conrad et l’a encouragé.

Lorsque Conrad a quitté la glace, il s’était qualifié pour les championnats nationaux. Il a versé des larmes, Eva aussi. « C’était tellement émouvant », a-t-elle affirmé. « Nous étions tous deux assez stressés à ce sujet, parce que c’était vraiment difficile de le regarder. »

« Je voulais juste essayer de faire de mon mieux », a‑t‑il avoué. « C’était mon but pour les championnats nationaux, rien de plus. »

Il a pris quatre semaines de congé après cet événement. Dès son retour à la maison, un médecin lui a dit qu’il ne savait pas comment il avait réussi à patiner. Il n’était pas encore complètement rétabli quand il a concouru aux championnats nationaux à Kingston.

Un autre problème s’est présenté. Conrad poussait comme une mauvaise herbe et ses chaussures de patins sont devenues trop petites. Il devait également essayer de s’habituer à une nouvelle paire avant Kingston. « Je voulais juste essayer de faire de mon mieux », a‑t‑il avoué. « C’était mon but pour les championnats nationaux, rien de plus. »

Son programme Le Bon, la Brute et le Truand était tout cela et bien plus encore. Il a réussi sept triples sauts. « J’étais très fier de ce que j’ai accompli », a-t-il soutenu.

À l’heure actuelle, Conrad va bien. Il a guéri et n’a plus de douleur. Et, maintenant il s’efforce de rédiger le prochain chapitre de sa carrière. Il a remporté une médaille d’or à l’épreuve novice masculine, aux Jeux d’hiver du Canada. Mais, maintenant, il continue à aller de l’avant.

Il sait ce qu’il veut. Lorsqu’il était âgé de trois ans, il a commencé dans Patinage Plus, à un club local, et Eva l’a repéré. L’élément le plus remarquable à propos du jeune garçon devant elle, c’était son désir de patiner. « Ce qui a attiré mon attention, c’était un garçon de 5 ans qui savait déjà ce qu’il voulait faire », dit-elle. « C’est rare. »

Conrad OrzelConrad soutient qu’il s’intéresse au patinage parce que c’est ce que font les Canadiens. « Je crois que je pensais devenir un joueur de hockey », dit-il. « Mais, une fois j’ai vu les patineurs de haut calibre exécuter des sauts, c’est vraiment ce qui m’a incité. »

Ses héros sont Elvis Stojko et Evgeny Plushenko.

« Il aimait toujours virer », a affirmé Eva à propos de Conrad. « Il est très rapide. La rotation est facile pour lui. »

Étant donné que Conrad a toujours beaucoup mis l’accent sur les sauts, Eva a essayé de tourner son attention vers l’autre aspect du patinage : souplesse, détails, carres, cette seconde note. Et, il le comprend. (Après tout, il s’entraîne tous les jours aux côtés de l’exquis Roman Sadovsky, à la York Region Skating Academy.) Conrad s’est déjà amélioré et ses objectifs pour la saison à venir sont de réussir des pirouettes de niveau quatre et des jeux de pieds de niveau trois ou quatre. « Quand j’ai commencé, je n’aimais pas vraiment cet aspect parce que mon tronc n’était pas fort », a déclaré Conrad. « Mais, maintenant, je m’exerce beaucoup aux carres et je me rends compte que c’est amusant. » Il veut aussi ajouter un triple Axel à ses programmes.

Depuis la dernière année, Conrad s’est exercé à exécuter le triple Axel ainsi que la quadruple boucle piquée et le quadruple Salchow. L’exécution du triple Axel n’est pas encore uniforme. « J’en ai réussi quelques-uns, mais il n’en pas encore parfait », a-t-il déclaré. Il dit essayer les quadruples sauts sans harnais.

« Je n’aime pas beaucoup le harnais », soutient-il. « C’est pour moi un sentiment artificiel et je ne sens pas que je maîtrise mes sauts. » Il se rendra bientôt à Vancouver pour travailler avec Joanne McLeod, à ses quadruples sauts.

Un autre fait remarquable à propos de Conrad; il n’est âgé que de 14 ans.

Bien que Grzegorz Filipowski ait conçu de nombreux programmes de Conrad – Eva aime beaucoup son travail – elle confie son jeune protégé à Allison Purkiss, cette année, pour lui donner l’expérience de travailler avec une autre chorégraphe.

« Je crois qu’il a du potentiel », a affirmé Eva. « Je pense que ses habiletés de saut sont sensationnelles et qu’il aura un bel avenir. »

Edrian Celestino prêt pour la scène mondiale

Lorsque Daniel Béland était âgé de 16 ans, il a tracé une voie importante sur la scène mondiale.

À l’époque, en 1977, il a été le premier Canadien à remporter un titre au championnat du monde junior. Trois autres ont depuis répété cet exploit : Dennis Coi en 1978, Andrei Rogozine en 2009 et Nam Nguyen en 2014.

Remportant cet événement, Daniel a aussi été le premier patineur canadien-français à gagner une médaille d’or dans une compétition internationale. Le tout premier. À mesure que le sport a pris de la vigueur au Québec au fil des ans, ses patineurs artistiques se sont aussi améliorés.

Au cours des années qui ont suivi, Daniel a tranquillement travaillé comme entraîneur à Dollard-des-Ormeaux, au Québec, donnant des séminaires, enseignant des habiletés et, maintenant, il compte un élève de 17 ans, Edrian Celestino, d’une grande sensibilité qui pourrait, s’il continue sur cette voie, nous donner la chair de poule. Edrian affirme qu’il aimerait devenir le champion canadien junior cette année et prendre part aux Championnats du monde juniors.

Si on demande à un jeune homme ce qu’il aime le plus à propos du patinage, il pourrait très bien répondre que ce sont les sauts, le sentiment vertigineux, le risque, la réception sur une carre étroite. Quel plaisir.

Si on pose la même question à Edrian, sa réponse serait : « J’aime les courbes, les poussées-élans, le jeu de pieds. »

« Je pourrais probablement passer toute la séance à exécuter seulement des courbes », dit-il. « Il y a tellement de choses ou de petits détails qu’on peut améliorer, pointer ses pieds, la façon de tendre sa jambe libre, même ses doigts, ses bras. Les possibilités sont illimitées. »

Par conséquent, il n’est guère surprenant que la partie préférée d’Edrian du camp de développement de 2015 de Patinage Canada, tenu en avril, était la séance avec Tracy Wilson, une ancienne championne de danse sur glace, qui enseigne l’habileté de la lame — exactement ce qui intéresse Edrian.

« Elle expliquait tellement de choses auxquelles je n’ai jamais pensé », dit-il. « Comme la façon d’appliquer de la pression sur les lames. Et, comment une simple inclinaison peut complètement changer la façon dont vous accélérez sur la glace. »

Edrian a aussi assisté au camp en 2014, après qu’il termine deuxième au niveau novice derrière Joseph Phan – remportant néanmoins le style libre. Mais, cette expérience a été de courte durée. Edrian a été blessé et n’a pu participer, quittant le premier jour avec son entraîneur. Pour cette raison, Edrian n’a pas été remarqué par le directeur de haute performance, Michael Slipchuk, qui a rapidement pris de nouveau connaissance des qualités d’Edrian à une compétition estivale au Québec, l’affectant à sa première compétition internationale, un Grand Prix junior, en Estonie, en septembre 2014.

« Il possède beaucoup de bonnes qualités », a déclaré Michael Slipchuk. « Il exécute des sauts techniques solides en plus d’être un très bon patineur avec de bonnes carres et une bonne évolution. Mais, ce que j’ai vraiment remarqué cette année a été sa couverture de la glace. Lorsqu’il a fait son programme court, il a rempli la patinoire. Le patinage de base de l’athlète est tellement important parce qu’à mesure qu’il progresse, tout le monde exécute les mêmes sauts. »

Edrian a mérité d’assister au camp de ce printemps parce qu’il avait remporté la médaille de bronze aux Championnats canadiens juniors. « C’était ma première année au niveau junior et je ne m’attendais pas à grand-chose », a déclaré Edrian. « Je voulais juste avoir du plaisir et acquérir de l’expérience. Mais, au Défi, c’est là où je me suis vraiment surpris. Je suis parvenu au haut des classements. J’ai pensé que mon dur travail commençait vraiment à porter ses fruits. »

La participation aux championnats nationaux était plus stressante parce que, comme le dit Edrian, c’est bien de gagner, mais beaucoup plus difficile de rester en première place. Il était nerveux.

Edrian n’a pris part aux Championnats canadiens que deux fois. À sa première apparition, en 2014, il est passé de la huitième à la deuxième place grâce à un excellent style libre.

Daniel Béland a commencé à entraîner Edrian il y a six ans et il a remarqué tout de suite que le petit jeune avait d’excellents genoux. Rien de surprenant qu’il était auparavant un danseur sur glace, avec Vanessa Bui. Il était aussi capable d’exécuter de bons sauts et de bonnes pirouettes. «  Il avait la capacité d’étonner », a déclaré Daniel.

Actuellement, Edrian peut exécuter tous ses triples, sauf l’Axel. En avril, il a obtenu une nouvelle paire de chaussures de patins et a commencé à travailler à l’Axel, avec l’aide de la « canne à pêche » ou harnais. Comme Denis Ten, les pieds d’Edrian sont très sensibles. Il a besoin de se sentir à l’aise dans ses chaussures. « Si je ne me sens pas tout à fait à l’aise, je vais les enlever et ajuster mes bas », dit-il.

Les deux parents d’Edrian sont nés aux Philippines, ont déménagé au Canada et fait connaissance pendant leurs études. Au début, le père d’Edrian ne parlait pas l’anglais. Maintenant, il est diplômé en génie aérospatial. Son père avait l’habitude de jouer dans la ligue de basketball aux Philippines. Sa mère était toujours sérieuse au sujet des études. Le frère d’Edrian, Earl Jesse Celestino, âgé de 9 ans, commence aussi à patiner.

« Il a une merveilleuse famille », a déclaré Daniel. « Vous aimeriez avoir une famille comme ça tout le temps. Ensemble, nous parlons de l’année et décidons quoi faire. »

La saison dernière, Edrian a travaillé avec le grand chorégraphe David Wilson. Il semble qu’il ne patine seulement qu’au son de belle musique, ce qui n’est pas surprenant. Son programme court avait comme musique le concerto pour piano no 2 en do mineur de Rachmaninov.

Son programme libre au cours de la saison 2013-2014 était Nessun Dorma de Puccini – l’un des airs ténors les plus célèbres de l’opéra. Imaginez, patiner au son de cette puissante chanson à l’âge de 15 ans! La saison dernière, toutefois, lorsque la musique vocale a été autorisée, Edrian a haussé les enjeux : il a patiné au son d’une version interprétée par Luciano Pavarotti, qui a élevé l’aria au statut de musique pop au cours de sa carrière.

Il cherche à faire chorégraphier son programme court de la prochaine saison par Shae-Lynn Bourne. Ce sera quelque chose d’exquis, à ne pas marquer.