Victor Kraatz honoré pour son impact sur le sport canadien
Victor Kraatz ne s’attendait pas à être intronisé au Temple de la renommée de la section de patinage de la Colombie-Britannique et du Yukon, le 2 mai. Des souvenirs lointains ont été évoqués. Ce fut un grand honneur.
Depuis quelques années, il n’est plus dans le milieu. Il a changé de cap, laissé derrière lui le patinage artistique. Depuis qu’il a commencé à enseigner les habiletés de patinage à de jeunes joueurs de hockey, partout dans la vallée du bas Fraser de Colombie‑Britannique, il y a environ deux ans et demi, il n’a pas mis pied dans une patinoire de patinage artistique.
Mais, à l’étincelante soirée du Temple de la renommée, Victor a été accueilli par une ovation et, bien sûr, tout le monde a dû regarder une vidéo de Victor et sa partenaire Shae-Lynn Bourne, vêtus de vert, exécutant le programme très énergique Riverdance, de la saison 1997-1998, qui a fait leur renommée.
Le fils de 4 ans de Victor, Henry, a tiré la manche de son père et lui a dit : « Ce n’est pas maman. Qui est cette femme? »
Victor est marié à l’ancienne danseuse sur glace finlandaise Maikki Uotila Victor et a deux fils, Oliver, 8 ans, et Henry. « Mon plus vieux comprend que j’avais des antécédents quelconques de patinage artistique », a déclaré Victor. « Et que j’aurais peut-être accompli quelque chose. Il n’est pas tout à fait sûr. »
« Mais, le petit croit que je joue au hockey. C’est tout ce qu’il sait de moi. Je suis un entraîneur de hockey. Je travaille tout le temps avec des enfants. Je me déplace constamment, donc le petit était vraiment confus. »
Le nouveau milieu de Victor ne se rend pas nécessairement compte qu’il a été dix fois champion canadien de danse sur glace avec Shae‑Lynn Bourne, triple olympien et champion du monde en 2003. Et, que cette équipe inoubliable a fait entrer le mot hydroglissage dans le vocabulaire du patinage et osé être différente avec son programme Riverdance, pour lequel une danse stationnaire a été adaptée à la lame d’un patin avec un jeu de pieds aveuglant.
Après avoir pris connaissance de son intronisation, Victor a immédiatement pensé aux gens qui ont eu une incidence sur sa carrière et sa vie.
Né en Allemagne, Victor était tout d’abord un joueur de hockey lorsque sa famille vivait en Suisse. Mais tout s’est terminé quand un entraîneur lui a dit, sans mâcher ses mots, qu’il était trop court. « Ce n’est pas pour toi », a-t-il proclamé.
Victor a acquis ses premières habiletés de patinage avec les anciens champions suisses de patinage en couple, Mona et Peter Szabo, qui lui ont appris les rudiments et toutes sortes de leçons bienveillantes de la vie. Il s’est installé à Vancouver à l’âge de 15 ans et l’entraîneure Joanne Sloman a joué un rôle important dans son apprentissage d’habiletés supplémentaires. Victor l’a invitée à la cérémonie du Temple de la renommée.
Au début des années 1990, Victor est déménagé à Montréal pour s’entraîner avec Eric Gillies et Josée Picard, qui ont aussi joué un rôle important dans sa carrière. Il aimait la rigoureuse éthique du travail de Josée. « J’aimais son style et j’aimais qui elle était comme personne. Je la respectais beaucoup », a signalé Victor. Il a été difficile pour lui de partir, a-t-il avoué.
Une relation avec Uschi Keszler a également été importante : elle n’a pas relâché ses efforts pour que Victor et Shae-Lynn communiquent et restent fidèles à eux-mêmes. Tatiana Tarasova a fait passer l’équipe à un niveau supérieur.
Par-dessus tout, Shae-Lynn était, d’après Victor, la personne la plus importante dans sa vie à l’époque. Ils étaient des gens complètement différents, avait constaté Victor. « J’aimais la liberté qu’elle avait », a déclaré Victor. « Il n’y avait pas de limites. Elle voulait ressentir la joie de vivre. Moi, je tenais à mes habitudes. »
« Elle disait toujours : « Amusons-nous ». Et je répondais : « Non, s’amuser en allemand signifie tout simplement ne pas travailler dur. S’amuser, c’est s’amuser. Et le travail doit être le travail ». Elle répliquait : « S’amuser au Canada signifie simplement d’avoir du plaisir. » Pendant très longtemps, je n’ai pas compris cet élément de plaisir de l’entraînement. »
Durant leur dernière année ensemble, la force vitale de Shae-Lynn avait déteint sur Victor. Il a appris à faire confiance à son entraînement et à se détendre, ce qui a fonctionné.
Mais tout a pris fin peu de temps après que Shae-Lynn et Victor remportent le titre mondial. Aujourd’hui, Victor reconnaît qu’il est responsable de la dissolution de l’équipe. Il avait été tellement poussé à travailler, même durant les pauses et les vacances; il se retrouvait toujours au gymnase. « Je ne pouvais personnellement me laisser aller », dit-il. « Je ne voulais jamais ne pas être en forme. Je voulais toujours être au sommet de ma forme, parce que c’est la personne que je voulais être. » Tout s’est effondré.
Aujourd’hui, Victor a énormément d’admiration pour Shae-Lynn, qui a fait carrière comme chorégraphe de renommée mondiale. « Elle était une personne merveilleuse », a déclaré Victor. « Sa contribution a été incroyable. J’ai été très chanceux de patiner avec elle et de passer tant de temps avec elle. Nous avons toujours eu une excellente relation professionnelle et j’en suis très reconnaissant. »
En 2003, Victor avait besoin de quelque chose de nouveau. Il est retourné vivre à Vancouver et a enseigné le patinage pendant quelque temps. Mais, pour vraiment tracer son propre chemin, il a décidé d’étudier le marketing. Ce n’était pas toutefois facile étant donné que tous ses titres de compétences étaient en tant qu’athlète. Il a trouvé du travail dans une agence de commercialisation à Yaletown et, un jour, sa vie a changé sur un coup de chance. Un ami a informé Victor qu’il prenait des vacances et lui a demandé s’il pouvait s’occuper de son équipe de hockey? Bien sûr, a dit Victor, qui a rapidement acheté des patins de hockey, un casque, un bâton et une rondelle.
Sa première séance avec les joueurs de hockey « a été vraiment horrible », a avoué Victor. Mais l’entraîneur lui a dit : « Nous aimerions te revoir. Tu dois revenir demain ». Il y a environ deux ans et demi, Victor a décidé d’abandonner sa carrière en marketing pour le hockey.
Ces jours-ci, Victor est à l’aise dans sa nouvelle vie. Elle lui permet de contribuer, de créer. Il a quelques joueurs de 6 ans qui font du progrès. Il a quelques adolescents. Il a un joueur qui faisait partie de la formation d’une équipe junior A, à Kelowna. Comme Mona et Peter Szabo, Victor essaie d’enseigner des leçons de vie à ses jeunes joueurs. Et, il est retourné au gymnase pour satisfaire aux exigences de plus en plus physiques de son nouveau travail.
« J’ai bouclé la boucle », s’est exclamé Victor. « C’est quelque chose que j’ai toujours voulu faire lorsque j’étais jeune et que je n’avais pas eu l’occasion de faire. » Quand il a enfilé les patins de hockey, toute sa mémoire musculaire est revenue de son adolescence. Les patins semblaient légers.
Il se sent comme déjà, quand il était un patineur artistique : il se réveille tous les matins, et peu importe s’il se sent fatigué. Il se sent aussi regonflé. « Ce sentiment est de retour », affirme Victor. « Me revoilà enfin. Je me retrouve. Je suis moi-même à nouveau. »
Ce fut un long chemin pour Victor.
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