Kaitlyn Weaver et Andrew Poje cherchent à repousser les limites avec des programmes intenses, détaillés et ciblés
C’était une boîte provenant de Sotchi, quelque chose qu’elle s’était expédié parce qu’elle avait accumulé trop de choses durant les Jeux olympiques pour les mettre dans sa valise, à son retour à la maison. Elle avait envoyé la boîte par barge, naviguant les mers et océans, et attendait son paquet en juin. Il était arrivé un peu plus tard, mais le contenu était intact : bulletins de Sotchi, cadeaux de partisans, petites choses, assez importantes pour les garder.
« C’était comme une capsule témoin des souvenirs olympiques », a signalé Andrew. « Nous avons commencé à penser aux Jeux olympiques et à quelle expérience sensationnelle ce fut pour nous de réaliser ce rêve d’enfance d’être aux Jeux et de représenter notre pays devant un auditoire mondial. »
Kaitlyn affirme que les Jeux olympiques sont enivrants. « C’est tout ce qu’on n’aurait rêvé et encore plus ». Un mois plus tard, ils avaient encore plus de souvenirs à ajouter à une année mémorable : leur médaille d’argent aux championnats du monde, seulement 0,02 point derrière la médaille d’or. À Saitama, au Japon, ils avaient vraiment réussi.
Mais, au cours des quatre à cinq mois depuis l’arrivée de cette boîte de souvenirs de Sotchi, Kaitlyn et Andrew sont passés à la prochaine aventure. « Nous ne vivons plus dans l’ombre », a soutenu Kaitlyn. La médaille d’argent leur a aussi donné confiance. « Nous avons eu l’impression de compter parmi les meilleurs et nous voulons rester au haut des classements parce que c’était un bon sentiment », a affirmé Andrew. Une pression s’exerce aussi sur eux, dit-il, pour laisser leur propre marque sur le sport.
Que pourraient-ils bien faire comme rappel, après les brillants programmes des deux dernières années : Je suis Malade et Maria de Buenos Aires?
Il fut difficile de trouver de la musique pour la danse libre, a admis Andrew. « Nous tenions cette année à montrer que nous voulons nous trouver dans les premiers rangs, être forts et présenter un nouveau style », a-t-il ajouté.
Avant qu’ils ne prennent deux semaines de vacances au printemps, ils se sont présentés au domicile des entraîneurs Anjelika Krylova et Pasquale Camerlengo, dans le but d’écouter de la musique. Mais, leurs entraîneurs les ont accueillis à la porte pour leur annoncer qu’ils avaient trouvé la musique de leur programme court. Un point, c’est tout.
Ils l’adorent : il s’agit d’un morceau de musique classique de Paso Doble contenant du flamenco. La musique, affirme Andrew, fait référence à l’allure sculpturale du matador, tout en étant aussi gracieuse. Kaitlyn et Andrew aiment beaucoup les rythmes latins. Il sera intéressant de voir combien d’équipes s’adaptent aux nouveaux règlements de l’Union internationale de patinage, selon lesquels une des deux danses sur tracé doit être créative.
« Ceci nous donne la capacité de donner notre propre style et flair au tracé du Paso, tout en gardant les principaux points de la danse imposée », a signalé Andrew. « Nous aimons exiger beaucoup de nous-mêmes. »
Pasquale Camerlengo a chorégraphié le programme et Kaitlyn et Andrew ont travaillé avec un danseur de salon pour le style.
Trouver la musique de danse libre a été plus difficile. Mais, la chorégraphe Shae-Lynn Bourne a trouvé le parfait morceau de musique pour permettre à Kaitlyn et Andrew de passer au stade suivant : Les Quatre Saisons, de Vivaldi.
Mais, ce n’est pas Les Quatre Saisons qu’on entend habituellement. Ce n’est pas la musique classique emblématique si souvent utilisée par de nombreux patineurs. Cette version a été recomposée par Max Richter, un jeune compositeur britannique né en Allemagne, considéré comme l’un des plus influents de la dernière décennie. Ayant reçu une formation classique, il ajoute une interprétation contemporaine à sa musique, clairement influencé par la musique électronique. Certains ont dit que son travail était « superbe à vous arracher le cœur ».
Cette version a vu le jour en Grande-Bretagne, il y a deux ans. Max Richter signale qu’il s’est débarrassé de 75 pour cent de la musique originale de Vivaldi. Il prend ses parties favorites, crée de nouveaux morceaux qu’il aime en y entrelaçant de délicates touches électroniques. Il en résulte un son ravissant.
« Shae-Lynn semble toujours savoir ce qui nous convient », a affirmé Kaitlyn. « Elle nous a dit que cette musique avait du poids, qu’elle est digne et permettra de montrer de nombreux différents aspects de notre patinage. »
Ce programme est très difficile à exécuter. « Nous y travaillons beaucoup en ce moment », a signalé Kaitlyn. « Il est très exigeant au point de vue technique, ce qui est une bonne chose, parce que nous nous efforçons de faire encore mieux à tous les aspects. » Ils n’ont pas exécuté de programmes classiques comme celui-ci auparavant et croient qu’il leur permettra de passer à la prochaine phase de leur carrière.
« À ce stade, il nous faut nous réinventer et montrer que Kaitlyn et Andrew sont meilleurs et plus forts que jamais », a dit Kaitlyn. « Je crois que ce programme peut faire cela. Il est intense, dramatique et montre ce que nous faisons de mieux. »
Kaitlyn et Andrew comptent participer à une compétition internationale senior B avant d’amorcer la saison du Grand Prix aux Internationaux Patinage Canada, à Kelowna, C.-B., à la fin d’octobre. L’an dernier, ils ont concouru à la U.S. Figure Skating Classic, à Salt Lake City, et étaient reconnaissants d’obtenir tôt des rétroactions. Mais cette année, ce ne sera pas nécessairement Salt Lake. Il y a aussi une nouvelle compétition internationale senior B qui aura lieu en octobre, à Barrie, Ont.
Pour le moment, ils prêtent attention à chaque détail, ne ménageant aucun effort. « Nous sommes pleinement engagés », soutient Kaitlyn. Leurs entraîneurs le sont aussi. Chaque jour, ils entendent : « Ce n’est pas assez bon ». Ils exigent beaucoup d’eux-mêmes. « Notre équipe d’entraîneurs soutient que nous sommes tout près », a mentionné Kaitlyn. « Nous allons prendre les dispositions voulues pour que ceci [le classement en deuxième place] ne se produise plus. »
« C’est exténuant, mais aussi très excitant et motivant », a affirmé Kaitlyn. Ils peuvent encore tellement s’améliorer à tellement d’égards. « J’ai l’impression que nous ne faisons que commencer », a dit Andrew.
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