Profil d’un olympien : Patrick Chan
Un lourd poids pèse sur les épaules de Patrick Chan sur la voie des Jeux olympiques à Sotchi.
Il se rend à l’événement en tant que triple champion du monde – un exploit difficile compte tenu du système de notation par code de points. Il établit et rétablit les records du monde pour les notes. Et, le Canada n’a jamais remporté l’or olympique dans l’épreuve masculine de patinage artistique, malgré sa riche histoire avec des patineurs comme Donald Jackson, Toller Cranston, Brian Orser, Kurt Browning, Elvis Stojko et Jeff Buttle.
La route vers Sotchi de Patrick a parfois été cahoteuse. Depuis qu’il a terminé cinquième aux Jeux olympiques de Vancouver, un débutant qui se remettait d’une blessure, il a rapidement appris à exécuter un quadruple saut cohérent et dominé la compétition, jusqu’à ce que ses pairs trouvent le moyen de se rattraper. Mais, on ne peut nier sa force. Il possède un ensemble rare d’habiletés.
« Il est différent de tous les autres patineurs », a affirmé Jeff Buttle, qui a chorégraphié son programme court olympique actuel, qui lui a permis d’établir un record.
« Ses aptitudes en patinage sont les meilleures, sans aucune exception », déclare son chorégraphe actuel, David Wilson, qui a conçu son épique style libre olympique sur la musique de Four Seasons.
Patrick détient actuellement deux records du monde pour les notes obtenues, en raison principalement de sa brillante victoire au Trophée Éric Bompard, en France, l’automne dernier. Il a repris de Yuzuru Hanyu son record du monde de 98,52 points dans le programme court, durant ce merveilleux effort en France, jusqu’à ce que Yuzuru le reprenne à la finale du Grand Prix, où il a battu Patrick.
Mais, les notes de Patrick pour le style libre (196,75 points) et la note totale (295,27 points), obtenues en France, sont toujours les meilleures. Il a enregistré une note de 302,14 points (soit 62,70 points de plus que Kevin Reynolds en deuxième place) à un championnat canadien antérieur, mais, naturellement, les notes nationales ne comptent pas. Yuzuru a mérité 297,80 points pour sa victoire aux championnats japonais en décembre 2013.
Né à Ottawa, la veille du jour de l’An de 1990, des immigrants chinois Karen et Lewis Chan, Patrick voulait vraiment jouer au hockey, mais s’est retrouvé dans le programme Patinage Plus. On présumait déjà qu’il continuerait lorsqu’à l’âge de 10 ans, un petit Patrick a terminé en troisième place aux championnats nationaux juvéniles sous la direction de son entraîneur à la voix râpeuse, Osborne Colson, qui même à ce moment savait qu’il avait un patineur spécial. À partir de là, Patrick a récolté les victoires au Canada, gagnant les championnats pré-novice, novice et junior. Sa victoire aux Championnats canadiens 2014 à Ottawa était son septième titre senior national.
Patrick est un patineur vrai de vrai, dont les habiletés ont été perfectionnées par Osborne Colson, qui exigeait que le jeune garçon passe une demi-heure par jour à faire des poussées‑élans de base. Il a laissé un legs à Patrick, probablement le patineur le plus puissant sur le continent, capable d’atteindre les vitesses les plus élevées avec quelques poussées-élans, sans déployer aucun effort à ce qu’il semble. La chorégraphe Lori Nichol a aussi formé Patrick selon sa vision de ce qu’un patineur devrait être d’après elle : avec des jeux de pieds aussi complexes que ceux d’un danseur sur glace. Lori, qui a fait passer Patrick d’un jeune adolescent à une étoile mondiale, soutient qu’elle pouvait lui donner un simple pas, mais avec l’ajout de sa vitesse, de sa profondeur de carres et de l’inclinaison de sa lame, tout à coup, le pas n’était plus aussi facile. Il utilise rarement de simples croisés pour acquérir de la vitesse. Son programme comprend de petits sauts, des virages et des changements inattendus de direction. Ses pieds ne sont jamais immobiles. Il faut un incroyable conditionnement pour être capable de maintenir cet effort pendant les quatre minutes, 40 secondes du programme long. Pour cette raison, Patrick a dû soigneusement trouver un rythme du début à la fin.
À chacun de ses patineurs, Lori montre des vidéos du champion olympique de 1976, John Curry, avec qui elle patinait professionnellement. John, signale-t-elle, était un « véritable maître du raffinement et de la qualité ». Patrick est un patineur plus puissant que John, mais maintenant que Patrick a maîtrisé sa puissance, dit-elle, un léger raffinement peut entrer en jeu.
Étant âgé de 24 ans à présent, Patrick a assumé la responsabilité de son travail, de son entraînement, de ses choix de musique, de son alimentation et de son temps hors glace. Il a gagné la saison dernière, sans avoir les bons outils, fait-il remarquer. « Mais, cette saison, ma situation a complètement changé », affirme-t-il. Il est beaucoup plus heureux, s’entraînant à Detroit, entouré d’amis comme son coéquipier canadien Elladj Baldé et le patineur américain, Jeremy Abott. Ceci pourrait faire toute la différence.
Il n’a pas ajouté d’autres quadruples sauts cette année, gardant le quadruple saut de boucle piquée, individuellement et en combinaison avec un triple saut de boucle piquée. « Je crois avoir tous les éléments dont j’ai besoin », a-t-il fait remarquer. Son plus grand défi sera l’exécution de triples Axels et l’aspect mental, pour conquérir les doutes. Il s’est entraîné diligemment tout l’été, intégrant la mémoire musculaire et le rythme dans ses programmes. Il n’a pas participé à des tournées.
Patrick veut se mettre dans le même état d’esprit que Justin Verlander, lanceur des Tigers de Detroit, considéré comme l’un des meilleurs lanceurs de sa génération, à qui on a demandé, après qu’il ait remporté un match contre les Red Sox de Boston durant la Série mondiale, quand il a su qu’il allait gagner.
« Dès que j’ai mis le pied sur le monticule », a-t-il dit.
« J’ai remarqué que lorsque j’ai remporté mes premiers championnats du monde, dès que j’ai mis le pied sur la glace, je savais que j’allais gagner », a révélé Patrick. « Il n’y avait aucune incertitude, aucun doute, aucun souci. » Tout ce qu’il a fait cette saison, victoire ou non, a été un pas vers Sotchi, travaillant ce qu’il doit réussir.
Tout le monde autour de lui le constate. Elladj Baldé dit que Patrick l’a énormément aidé. « Il s’entraîne mieux que jamais », a fait observer Elladj. « Je ne l’ai personnellement jamais vu patiner comme il patine actuellement. Et, c’est un peu épeurant, car il est déjà un triple champion du monde. Il est en voie de compter au nombre des grands du patinage. »
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Beverley Smith
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