Piper Gilles et Paul Poirier reprennent des forces sur la glace
Paul PoirierUne chose est parfaitement claire : la danse sur glace est un sport dangereux et pénible.
Cet énoncé pourrait avoir semblé absurde à un moment donné, mais ne l’est plus à cause d’un système de notation qui exige tellement des danseurs adeptes de la danse de salon. Dans l’intervalle de quelques courtes années, Tessa Virtue a souffert du syndrome chronique des loges musculaires des jambes, Kaitlyn Weaver s’est fracturé un os près de l’articulation de la cheville, durant une collision à grande vitesse avec la bande, pendant une séance d’entraînement la saison dernière et, à nouveau, une autre équipe canadienne de danse sur glace s’est heurtée à un obstacle à un moment inopportun.
Il y a environ quatre mois, Paul Poirier s’entraînait à exécuter une séquence de voltes avec sa partenaire Piper Gilles lorsqu’il s’est légèrement élevé dans les airs et a atterri sur son pied droit – de côté.
Cette brève erreur a eu des effets à long terme. Paul a souffert d’une fracture-luxation de sa cheville droite, obligeant l’omniprésent Dr Bob Brock, de Toronto, à insérer quatre plaques et 15 vis dans le pied du patineur. Le Dr Johnny Lau a opéré Kaitlyn Weaver, la saison dernière.
Si vous le demandez gentiment à Paul, il vous montrera la radiographie sur son téléphone intelligent, avec une série de petites structures en forme de barres tout le long de son os, puis une vis étonnamment grosse à la cheville, retenant le tout. Paul s’attend à ce qu’une seule de ces vis soit enlevée à l’avenir. À moins que ces vis ne l’embêtent pendant qu’il patine, elles resteront dans son corps pour le reste de sa vie, un rappel des périls de la danse sur glace. Pour l’instant, il a une longue et vilaine cicatrice, allant de sa cheville jusqu’au-dessous de son genou droit.
« Jusqu’à présent, tout va bien », affirme Paul, sans aucune trace de négativité ou mine de « pauvre de moi ». « Mon corps y a réagi aussi bien que possible. »
Il n’est pas exactement idéal d’avoir à surmonter une blessure aussi grave durant la saison olympique, lorsque les patineurs veulent exiger plus d’eux-mêmes. « Je crois que ce qui a été le plus difficile est de faire peu », avoue Paul. « Il est plus avantageux de faire un peu moins en ce moment. Ce qui est important pour nous, ce sont les Championnats nationaux. »
Heureusement pour eux, leurs deux événements du Grand Prix auront lieu vers la fin de la série : la Coupe de Russie et le Trophée NHK.
Paul soutient que sa guérison suit un scénario de réussite – plus tôt que prévu. Deux semaines après la chirurgie, il était de retour au gymnase. « Je ne me soucie pas du tout de ma force ou de mon endurance cardiopulmonaire », ajoute-t-il. « Mes habiletés sont assez bonnes grosso modo. » Ils ne peuvent pas faire de séances d’une durée de deux heures. Ils doivent s’entraîner efficacement et tirer le meilleur parti de leur temps sur la glace. Mais, ils ont fait beaucoup de chemin. Lorsque Paul est tout d’abord retourné sur la glace, il ne pouvait patiner que cinq minutes à la fois.
« Chaque jour, ma cheville se renforcit », dit-il. « Je peux le sentir ».
Piper a dû apprendre à patiner sans Paul et garder une attitude positive. « J’ai ressenti tellement d’émotions lorsque l’accident s’est produit », a-t-elle déclaré. « Mais nous devons envisager la situation de façon positive au lieu de négative. Plus nos pensées sont négatives, plus on se sent submergé et on ne veut pas aller à la patinoire. »
Sans Paul sur la glace, Piper a travaillé beaucoup de tracés de Finnstep, beaucoup de jeux de pieds et beaucoup de voltes.
Pendant six semaines, Paul a eu la jambe dans le plâtre, de la cheville jusqu’en dessous du genou, et dès qu’il s’en est débarrassé, le duo a commencé à répéter ses programmes hors glace, sur le sol, chaque jour.
« Étant donné que nous ne pouvions nous soucier du patinage et que nous ne faisions pas de levées et autres choses du genre, nous avons eu vraiment beaucoup de temps pour travailler l’évolution des personnages, les détails et les expressions », a fait remarquer Paul. « Nous travaillons normalement à ces choses, mais pendant un temps, c’est tout ce que nous pouvions faire. »
Heureusement, ils avaient chorégraphié leur danse libre en avril, avant la blessure. « Nous avons été en mesure d’exécuter le programme sur la glace avant l’accident, de sorte que nous avons été capables de continuer à le visualiser dans notre esprit. »
Et, quelle visualisation! Ils patinent au son de la piste sonore du film Hitchcock, une comédie dramatique de 2012 qui retrace la relation d’Alfred Hitchcock avec sa femme et l’actrice principale de Psychose.
Chose étrange, Piper et Paul avaient imaginé exécuter un programme dramatique cette année, ce qu’ils n’avaient jamais fait auparavant, afin de montrer un côté différent d’eux-mêmes. (Mary Poppins était le véhicule l’an dernier.) Ils ne cessaient de tomber sur de la musique composée par Danny Elfman. Lorsque l’entraîneure Carol Lane est retournée des Championnats du monde juniors la saison dernière, elle leur a dit qu’elle avait vu le film durant son vol et les a exhortés à écouter la piste sonore. Chose étrange, ils ont constaté que la musique était composée par Elfman.
« C’était tellement bizarre », a fait observer Piper. Le programme a été conçu très rapidement, contrairement à leur danse libre de l’an dernier.
Leur danse courte a été chorégraphiée après l’accident. Paul en a regardé la conception à partir des gradins. « Ce fut vraiment un gros effort de groupe pour concevoir le programme et une fois que Paul a été capable de l’exécuter hors glace, il l’a appris sur le sol », a soutenu Piper.
Pour leur danse courte, ils ont utilisé de la musique de Caro Emerald, une chanteuse de jazz néerlandaise dont la musique a été propulsée au sommet du palmarès au Royaume-Uni. Le programme fait très « danse de salon », signale Paul.
Le style, affirme Piper, convient à leurs personnalités extraverties et exubérantes. La danse est difficile. Elle est exécutée en majeure partie en position fermée, ce qui est délicat, surtout si on danse près l’un de l’autre et rapidement.
En raison de la blessure, ils ont dû travailler à reculons cette saison : maîtrisant le caractère, puis la technique. Peut-être se rendront-ils compte que c’est le cheminement idéal à l’avenir. « Nous pourrions constater que ce processus fonctionne mieux pour nous », proclame Paul. « Ce sera une année de découverte. Je pense que nous nous en sortirons plus forts. »
Beverley Smith
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