Roman Sadovsky à la recherche de résultats sur le circuit Grand Prix junior ISU

THORNHILL (ONT.) — L’humidité pèse lourdement alors que le thermomètre enregistre 33 degrés Celsius par un radieux après-midi d’août, mais dans la patinoire Ed Sackfield, il fait assez froid pour porter des manteaux de duvet et des mitaines, ce qui convient à Roman Sadovsky.

Il se prépare à refaire un triple Axel, maintes et maintes fois. Et ça s’en vient. Voilà en quoi consistent les étés à la York Region Skating Academy.

Roman est un patineur de 14 ans qui déborde d’énergie et il vient de passer sa première journée à une école secondaire spéciale, axée sur le sport dans la région. Et oui, l’école commence en août. C’est tout nouveau, mais Roman prouve qu’il est très capable de faire de grands progrès. Il y a deux ans, il était un patineur novice. L’an dernier, il était un junior, terminant troisième au Grand Prix junior à Lake Placid, N.Y. Cette année, le fils d’immigrants ukrainiens tente le tout pour le tout. Il passe aux rangs seniors malgré sa jeunesse, du moins à l’échelon national.

Il se prépare en vue du Thornhill Summer Skate, qui se tiendra du 15 au 18 août, sans être du tout intimidé par qui il doit y rencontrer. Le triple champion du monde Patrick Chan – un patineur qu’il admire – se trouvait parmi les inscriptions originales. Roman ne se laisse pas décontenancer. Il a hâte.

« C’est tellement bien d’être le plus jeune du groupe et d’être en compagnie de ces patineurs », a-t-il dit. « Je n’ai pas peur du tout. »

Il participe aussi au Grand Prix junior en Lettonie la semaine suivante. Sur la scène internationale, il demeure un junior.

L’an dernier, Roman a remporté la division des hommes juniors de l’événement Défi Patinage Canada, ce qui l’a qualifié pour les Championnats nationaux de patinage artistique Canadian Tire, à Mississauga, Ont. Il n’a pas pris part aux championnats nationaux en raison d’une fracture de stress dans son pied droit, mais il a battu des concurrents qui y ont participé. Et ses points étaient plus élevés que ceux des patineurs qui ont remporté des médailles. Roman a gagné sa division au Défi Patinage Canada avec 172,58 points, tandis que son coéquipier Anthony Kan a mérité le titre junior en son absence avec 167,54 points.

Roman aurait pu rester au niveau junior cette année, a raisonné son entraîneure Tracy Wainman. Mais, la seule compétition qu’il a raté toute l’année a été les championnats nationaux et il était le remplaçant pour aller aux championnats du monde juniors : un but important. À un moment donné, il veut dominer le monde junior, mais pour ce faire, il doit égaler les meilleurs patineurs, qui exécutent actuellement des triples Axels et même des quadruples sauts. Il travaille avec diligence à ce dont il a besoin : un triple Lutz – un triple saut de boucle piquée et un triple Axel.

L’an dernier, à l’âge de 13 ans, Roman était le plus jeune patineur sur le circuit junior. Selon les règles de l’ISU, un patineur doit avoir atteint l’âge de 13 ans en date du 1er juillet précédent pour être en mesure de concourir au niveau junior international – et l’anniversaire de Roman est le 31 mai. Nous avons plusieurs années qui nous restent sur ce circuit », affirme Tracy Wainman. Néanmoins, ils n’ont pas eu besoin de penser très sérieusement à propos de la participation de Roman au niveau senior à l’échelon national, pour au moins concourir contre des patineurs qui font les trucs que les patineurs juniors font sur la scène internationale.

Malgré son jeune âge, Roman patine beaucoup plus comme un patineur adulte. « On oublie son âge », a ajouté Tracy. Sur la glace, il est très sérieux et déterminé. Mesurant à peine cinq pieds, Roman comprend ce qu’il doit accomplir. « Il prévoit toujours en conséquence », signale Gregorz Filipowski, son chorégraphe. Il comprend les nuances du système de code de points. Il aime aussi divertir les foules. « C’est un peu comme de se produire et d’essayer de raconter une histoire », fait-il observer.

Les mouvements du corps de Roman sont impressionnants et ses pirouettes sont exquises. « Il a un merveilleux corps », soutient le consultant de Patinage Canada, Louis Stong. « Il est capable de s’étirer et de maintenir le mouvement et ses pirouettes sont rapides. Pour la pirouette arabesque, il se place bien sur la carre extérieure, réussit un étirement incroyablement long et il exécute ses six virages, puis il étend le bras en arrière et exécute une variante, puis il étend l’autre bras et change, pour exécuter une autre variante. Et, on s’exclame : « C’est un mouvement de niveau quatre et, mon Dieu, c’est plus trois. Fabuleux. »

Ses sauts se sont aussi rapidement améliorés. À titre de novice, il exécutait deux triples (Salchow et boucle piquée) et il a appris ces deux sauts avant de réussir son double Axel. La saison dernière, il s’est mis au travail avec diligence – son éthique du travail est légendaire – et a parfaitement exécuté tous les triples sauts, sauf le triple Axel.

Roman était tout à fait prêt pour les Championnats canadiens l’an dernier, mais juste avant l’événement, il a ressenti un peu de douleur dans son pied droit. Il a dit à Tracy qu’il ne pouvait faire le saut flip et le Lutz, parce que c’était douloureux d’exécuter l’appel du pied droit. « Il est très robuste », affirme Tracy. « Il continuait à réussir les sauts. »

S’inquiétant de la douleur, Tracy l’a envoyé passé des examens. Le jour de la réception des résultats de l’imagerie par résonnance magnétique (IRM), Roman avait réussi une combinaison triple-triple et un triple flip – bien qu’il ait une fracture de stress sur une plaque cartilagineuse près de son orteil.

Pourtant, Tracy pouvait voir que quelque chose n’allait pas et avait fait faire les examens d’urgence. Tracy a été la personne qui a dû lui dire qu’il ne pourrait concourir aux Championnats canadiens. « Ce fut difficile pour moi », a-t-elle avoué. « Mais, il n’était pas surpris. »

Un stress continu sur la plaque pourrait avoir eu une incidence sur la croissance de son pied – et le reste de sa vie. « Il a compris », a fait remarquer Tracy. Toutefois, Roman a continué à se rendre à la patinoire – qui se trouvait à ce moment juste à côté de l’école publique où il était étudiant – et à s’étirer, comme s’il se préparait à aller sur la glace. Puis, il partait avec mélancolie. Il a regardé les Championnats canadiens, mais pas l’épreuve des hommes juniors, ce qui aurait été trop difficile. Il s’est concentré sur les hommes seniors – son avenir.

Néanmoins, Roman a continué à faire du Pilates et à nager (il était un nageur de compétition) afin de se tenir en forme pour que ce ne soit pas aussi dur à son retour. Il n’est pas allé sur la glace pendant un moins et a lentement repris ses sauts.

Roman a commencé à patiner à l’âge de cinq ans, mais simplement pour apprendre à patiner, a-t-il dit. « Je voulais vraiment jouer au hockey. Mon entraîneur m’a dit d’essayer le patinage artistique. Je n’aimais pas le choix que j’avais. »

Il voulait être un gardien de but, arrêter les tirs, bloquer les lancers. Ses premiers patins étaient des patins de hockey.

Tracy a commencé à entraîner Roman lorsqu’il était âgé de huit ans et il était très petit, se souvient-elle. Il était toujours très discipliné, a-t-elle constaté. Elle lui donnait de petits projets à faire et il retournait, montrant des améliorations. « De toute évidence, il va apprendre plus rapidement de cette façon », soutient-elle.

Grzegorz Filipowski, médaillé de bronze des Championnats du monde 1980, admet qu’il prend plaisir à être le chorégraphe de Roman. « Il n’est pas du tout timide », affirme Grzegorz. « Il paraît bien, peu importe le mouvement et il est vraiment prêt à essayer diverses choses. » Tracy ajoute que Roman fait 30 minutes de ballet par jour – et il veut le faire, ce qui est inhabituel pour un jeune de son âge.

« On a l’impression qu’il est le genre de gars qui sait ce qu’il veut », ajoute Grzegorz. « Il est encore un enfant, mais lorsqu’il se trouve sur la glace, il est manifestement un gars qui a un plan d’action. Il est intelligent, sait comment calculer et connaît très bien le système. »

Et, ses pirouettes? Grzegorz est son entraîneur pour les pirouettes. Je lui donne peu de leçons, signale Grzegorz. Le secret de la réussite de bonnes pirouettes? S’entraîner maintes et maintes fois.

« Il m’a fallu beaucoup de travail », affirme Roman. « J’ai déployé beaucoup d’efforts pour faire les pirouettes. »

Roman a déjà commencé sa saison, avec un classement en cinquième place, se mesurant à des patineurs seniors à Skate Detroit, à la fin juillet. Il a terminé derrière le Californien Grant Hochstein, qui a réussi une combinaison de quadruple-triple sauts dans son programme court, et le médaillé de bronze (senior) des Championnats canadiens, Andrei Rogozine. Mais, avec 190,54 points, il a terminé seulement trois centièmes de point derrière le patineur chevronné de longue date des Championnats canadiens, Jeremy Ten, et considérablement dépassé Nam Nguyen, âgé de 15 ans, qui est passé à la compétition senior il y a deux ans. Et, maintenant, Roman est arrivé. Ceci augure bien pour l’avenir du patinage masculin au Canada.

Beverley Smith

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